Business travel 2024: retour aux niveaux prépandémiques

Alors que les experts prédisaient une reprise lente et progressive, le secteur du voyage d'affaires affiche une résilience remarquable en 2024. Dépassant les attentes les plus optimistes, les dépenses mondiales devraient atteindre 1,48 milliard de dollars cette année. Cette performance s'inscrit dans un contexte de profonde mutation du secteur, dépassant le record de 2019. Elle est marquée par l'accélération de la transformation digitale et l'intégration croissante des enjeux environnementaux. Si le nombre de déplacements reste inférieur aux niveaux pré-Covid, le secteur démontre sa capacité à se réinventer face aux nouveaux défis.

Une reprise marquée par de nouveaux équilibres

Malgré une baisse globale et persistante du nombre de voyages d’affaires (-20%, soit 1 voyage sur 5), engagée depuis la période post-covid, le voyage d’affaires renoue avec une forme de stabilité globale.

Le retour aux niveaux pré-Covid en chiffres

La diminution du nombre de déplacements est de 20% par rapport à la période pré-pandémique. Ce qui n’empêche pas le secteur du voyage d'affaires de retrouver une stabilité encourageante. Cette évolution s'illustre par plusieurs indicateurs clés :

  • une prévision des dépenses mondiales à hauteur de 1,48 milliard de dollars pour 2024, soit un montant plus important que les 1,43 milliard de 2019 ;
  • 64% des voyageurs d'affaires ont dépensé plus pour leurs déplacements en 2024 qu'en 2023 ;
  • 81% des voyageurs estiment que leur dernier voyage a été utile pour réaliser leurs objectifs professionnels.

Les perspectives du marché sont prometteuses, avec des prévisions dépassant les 2 milliards de dollars d'ici 2028. Cette reprise est soutenue par la stabilité économique mondiale et une véritable reconnaissance de l'importance des déplacements professionnels.

Stabilité dans les différents segments de transport

Le secteur du transport aérien connaît une modération de l'inflation.  Il affiche une hausse limitée à 9,8% sur les vols domestiques et à 1,3% sur le long-courrier au premier semestre 2024. Cela contraste avec les fortes augmentations de l'année précédente.

Le transport ferroviaire, plébiscité pour ses avantages économiques et écologiques, poursuit sa croissance. Les 143 millions d'euros de bénéfices enregistrés par la SNCF au premier semestre 2024 l’illustre parfaitement. Néanmoins, la forte demande entraîne une inflation de 7,2% des tarifs en France.

L'hôtellerie, quant à elle, entre dans une phase de stabilisation après les turbulences des années précédentes. Elle se caractérise par un prix moyen de 270€ dans les grandes métropoles françaises.

La transformation digitale du secteur

Face aux nouveaux défis du marché, les acteurs du voyage d'affaires opèrent une mutation technologique profonde. Ils sont nombreux à redéfinir leurs modèles opérationnels et leurs services.

L'émergence de nouveaux modèles de distribution

La distribution aérienne connaît une révolution majeure avec l'adoption du NDC (New Distribution Capability). Bien qu'inévitable, cette transition génère des défis significatifs pour les agences de voyages. Air France illustre cette tendance en annonçant une pénalité de 24 euros pour les entreprises qui n'adopteront pas ce canal de réservation d'ici 2025. L’entreprise française suit l'exemple de Lufthansa qui facture déjà 2€ par dossier pour l'accès à l'intégralité de son contenu. Cette évolution s'accompagne d'une concentration croissante des acteurs du marché. À l’image de l'acquisition en cours de CWT par American Express GBT, un quasi-duopole apparait avec BCD Travel.

L'intelligence artificielle comme levier de transformation

L'intégration de l'IA dans le secteur marque un tournant décisif, dépassant largement les simples services en ligne d'avant la pandémie. Les Travel Management Companies (TMC) modernisent leur offre en déployant des outils digitaux sophistiqués. Cela va des plateformes de réservation en ligne aux chatbots, en passant par des applications mobiles avancées. Cette évolution technologique, loin de menacer l'emploi, nécessite plutôt une montée en compétences des collaborateurs. Certes, la question de l'impact environnemental de cette digitalisation fait débat. Cependant, les bénéfices en termes d'efficacité et de personnalisation des services semblent l'emporter sur les préoccupations liées à la sécurité des données personnelles.

La RSE au cœur des nouvelles stratégies

La prise de conscience environnementale et sociétale transforme profondément les pratiques du voyage d'affaires. Elle laisse entrevoir de nouveaux critères de décision et de nouvelles priorités dans l'organisation des déplacements professionnels.

Les nouvelles exigences environnementales

Le secteur fait face à une pression croissante pour réduire son impact environnemental. Il en découle des mesures concrètes et d’inévitables surcoûts associés. Lufthansa prévoit ainsi l'introduction d'une surcharge écologique pouvant atteindre 72€ en 2025. De son côté, la France impose l'intégration de biocarburants aériens. Cette évolution s'accompagne d'une transformation des comportements :

  • 58% des voyageurs prolongent leurs déplacements professionnels pour des loisirs ;
  • 41% maintiennent le même rythme qu'avant la pandémie ;
  • 17% le font plus fréquemment qu'avant la crise sanitaire.

Vision prospective : "Mobilités d'affaires responsables 2030"

L'AFTM (Association Française du Travel Management) dessine un avenir où la RSE devient la norme plutôt que l'exception. Cette vision s'articule autour de quatre piliers fondamentaux :

·         la maturité du secteur dans l'intégration des enjeux RSE, incluant le bien-être des voyageurs et l'inclusion ;

·         un reporting approfondi permettant des prises de décision éclairées ;

·         une approche réaliste visant à maximiser les impacts positifs tout en minimisant les effets négatifs ;

·         l'utilisation des technologies pour atteindre la neutralité carbone avec un usage de mécanismes sophistiqués pour compenser les énergies fossiles inévitables.

Le voyage d'affaires en 2024 démontre une capacité de résilience remarquable. Si un retour au niveau de dépenses pré-pandémiques est constaté, il s’opère une réelle transformation en profondeur du marché. La digitalisation redessine les contours des services proposés, notamment à travers le NDC et l'intelligence artificielle. De plus en plus, la RSE s'impose comme un pilier incontournable des stratégies de mobilité professionnelle.

Face aux défis persistants de l'inflation, des tensions géopolitiques et des enjeux de durabilité, la capacité des acteurs à conjuguer efficacité opérationnelle, innovation technologique et responsabilité environnementale sera déterminante pour l'avenir du secteur.